Mon refuge

Quels sont les espaces qui nous font du bien, réels ou imaginaires ? 

Où est-ce que je me sens bien ? Comment créer un espace où je me sente à ma place ? Quel serait pour moi un espace public accueillant ?

Et si je pouvais réellement être qui je suis, dans un espace collectif, à quoi ressemblerait cet espace ?

Que peut-on faire ensemble dans un espace pour nous réconforter, nous rassurer, prendre soin de nous ?

Variation 3

Mon espace refuge en Bourgogne

par

Les résident·es de l'ehpad d'Avallon

Quels sont les lieux qui nous font du bien ? 

LE BAL

"Assis face à ma coiffeuse, on se fait une beauté.

Tu es belle comme ça.

Moi personnellement je m’en fous

Moi je mets une perruque de cheveux courts, blancs et bien peignés. Et surtout bien peignés.

Moi j’aime bien m’habiller, un costume et une cravate.

Moi une robe.

Ohlala j’ai oublié de mettre mes colliers !

Une petite touche de parfum avant de sortir et de la couleur sur les ongles.

On dit merci , on s’en va.

On va au bal masqué.

Des beaux verres, un petit kir, un vittel menthe, du cidre, un whisky… Ha c’est bon ça !

Et du champagne pour Kiki !

Le champagne tout le monde aime ça, sauf le porte monnaie !

Un masque de perroquet, de chouette, de paon.

Je me suis déguisée en Pierrot moi.

Moi un masque de vendeur de champagne !

Moi le bal masqué j’y vais pas. J’aime tout ce qui est naturel moi. La mer, on s’échappe !

Moi je pars à la Nûba, derrière la colline de Montréal.

On danse le tango, la valse.

Une femme qui se maquille trop c’est plus la même.

On rencontre les musiciens, des jeunes hommes pour danser, des danseurs, des danseuses.

On monte le parquet face à la mer, du moment qu’il y a un parquet, je ne m’occupe pas du reste.

Le bal c’est fait pour danser pas pour regarder la lune.

A Avallon, il y avait un grand parquet pour le concours agricole, le commis, dans les années 60.

Et puis le parquet c’est naturel.

Et de temps en temps il y avait des bagarres amicales. Des bagarres de jalousie.

Une fois ou deux sur des années, c’est pas être bagarreur. Une claque amicale puis on trinque ensemble.

Du clairon, de l’accordéon.

J’aime tout faire sauf les bêtises.

Dans un banquet, boire de trop.

J’ai été serveuse, j’en ai vu des choses. On sent les choses. Faut qu’on se prépare, va y avoir une bagarre…
On sent l’odeur de la soupe à l’oignon qui arrive dans les narines. Des croutons, du gruyère et du vin blanc.

Santé !

Rince cochon : limonade et vin blanc"

                                                                                                 Eric, Rolande, Roger, Kiki, Gérarde, Geneviève, Marie-Thérèse

Entre écriture, dessin et mouvement, les résident·es de l'ehpad d'Avallon en collaboration avec la collective Dégoupillé·e·x·s ont interrogé la notion d'espace refuge pour créer une nouvelle variation autour de la santé mentale et de l'espace. 

LA CABANE

"Par la fenêtre, je vois la mer et les Pyrénées. Sur lequel le soleil se lève, comme au Japon. 
Sur la montagne on voit des chèvres et des rennes qui mangent de l'herbe. Il y a des moutons aussi. On sent l'odeur des vaches, ça sent pas tellement bon mais on finit par l'aimer. Ça sent aussi l'herbe fraîchement coupée.

Les embruns me piquent le nez.

On entend des bêlements et le coq qui chante.

Le tas de Varech me fait grimacer.

On entend les tourterelles, les mouettes et les colombes.

Le rossignol et la chouette croient que c'est encore la nuit.
Je sors de chez moi et je glisse ma main dans le sable pour toucher les coquillages et les galets.
Je ramasse des pensées et des bleuets et je sens les pâquerettes sous mes pieds. Je vérifie que j'aime le beurre à l'aide d'un bouton d'or.

Je fredonne les roses blanches.
On se dit que demain on pourrait visiter le château d'Henri IV et entendre les croassements des crapauds qui émanent des douves.
Je retourne à ma cabane dans un bois, comme au canada.
Il y a des fenêtres ovales et on se chauffent au bois, dans un poêle. On met une casserole avec des pommes dedans pour que la cabane sente la compote.

Je vais chercher du bois pour la cuisinière mais j'en profite pour cueillir du muguet. Le sol du bois est recouvert d'ail des ours.

Le sol de la cabane est recouvert de fougères et près du fauteuil je fais du canevas.

Puis je cuisine une tarte aux pommes et des oreilles du christ qu'on offrira au curé. Demain je ferrai une tarte aux mûres.

Le toit de la cabane est en chaume. 

Il fait bien chaud dans la cabane.

Je suis bien dans mon havre de paix."

Eric, Rolande, Gérarde, Martine, Geneviève, Roger, Marie-Thérèse, Christiane, Kiki

Retour en images 

Co-création d'Eric, Rolande, Gérarde, Martine, Geneviève, Marie-Thérèse, Christiane, Paulette, Kiki, Jeanne, Roger, Adrien, Marie, Sébastien et Angèle

©Sebastien de Buyl
©Sebastien de Buyl

Images & Montage : ©Sebastien de Buyl.

2024 ©   Studio Purple Paw.  Tous droits réservés.